L’artiste de sa vie
Je n’ai jamais considéré le dessin comme un simple loisir ou une habileté mais plutôt comme un mode d’expression universel. Très libérateur, le dessin permet d’illustrer ce que les mots ne parviennent pas toujours à exprimer. Autant dans le gribouillis d’un enfant de deux ans qu’une illustration d’un artiste professionnel. Sous un amalgame de traits surgit toujours une histoire porteuse de sens, de façon concrète ou abstraite.
Il m’a fallu plusieurs années de pratiques avant de trouver l’assurance nécessaire pour partager mon histoire. Mais lorsque j’en ai eu le courage, l’accueille fut favorable, mes doutes devinrent discutables, et l’appel de poursuivre mon rêve indéniable. J’ai cru un instant que ma créativité, si longtemps captive, pouvait enfin s’épanouir sans retenue, hélas, c’était loin d’être aussi simple!
Au-delà du bien-être que me procurait le dessin et la peinture, ils m’ont enseigné la patience, essentielle à l’évolution de mes compétences, ainsi que la résilience nécessaire à la poursuite d’une vie créative. Ces deux aptitudes étaient indispensables à la survie de ma carrière et m’y engageait autant que l’aurait fait une formation formelle. Mais tout de même, le syndrome de l’imposteur s’infiltrait dans mon esprit. Pour l’affronter, j’ai dû apprendre à surmonter mes peurs et mes doutes qui criaient haut et fort que je ne méritais pas le statut d’artiste. D’abord, j’ai dû cesser de me comparer, il y aura toujours quelqu’un de plus talentueux, audacieux et qualifié que moi, quelle libération !! J’ai aussi choisi l’admiration au lieu d’entretenir la compétition, une vie inspirée me procure tant d’énergie et nourrit mon ambition.
La plupart de mes doutes et mes craintes derrières moi, joint à mon désir de soutenir ma communauté artistique, je luttais encore avec la quête de trouver ma couleur et mon style graphique. Mais puisque je ne reconnaissais pas mon histoire, je créais dans un état d’esprit complètement déconnecté de qui j’étais. Mon art en perdait tout son sens même si la technique était impeccable et le rendu hyper-réaliste. Ainsi, je dessinais et peignais dans la souffrance et l’exaspération. Le plaisir s’était complètement dissous et je survivais un compliment à la fois. Pourquoi arrêter, le rendu est si beau! Pas besoin de vous dire que cette voie mène à la déception et l’échec. Il me fallait trouver comment rendre le processus créatif tout aussi harmonieux que le résultat final. Je savais que la route pour s’y rendre pouvait être aussi belle et enrichissante, sinon plus, que la destination.
J’ai donc entamé une quête personnelle pour démystifier le pouvoir de la créativité sur le bonheur. Suite à une série de lectures et d’ateliers sur le sujet, j’ai tranquillement modifié le fondement de ma pratique. Je me suis permise d’être authentique, imparfaite et vulnérable à la fois, en exprimant qui j’étais. J’ai fait face à la réalité que je n’aurai jamais quelque chose à offrir à tout le monde, que mon histoire ne plaira pas à tous mais c’est la mienne et je dois l’honorer. Si une œuvre n’existe que pour toucher une seule personne en ce monde, j’aurai fait œuvre utile! Mon histoire est unique, personne d’autre ne peut la raconter sauf moi et j’ai choisis de l’exprimer par le dessin. Depuis, je me sens vivante et j’ai beaucoup de plaisir à créer, de la première esquisse jusqu’aux traits de finition. Je m’ouvre à une expérience plus grande que moi, plus grande que nature et je suis l’artiste de ma vie!