Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le début de cette pandémie, nos habitudes de vie ont changé et tranquillement nous nous sommes ajustés à cette nouvelle réalité. Bien que ce soit encore pour nous tous une période d’incertitude, d’instabilité et d’adaptation, c’est aussi l’opportunité de prendre conscience de la souffrance que nous entretenons lorsque nous résistons et devenons impatients. Mais comme toute crise elle est temporaire, n’oublions pas que tout passe avec le temps.
J’observe que la pandémie a créé au fil des semaines de l’espace entre mes projets, dans mes relations et mes attentes. À mon rôle de parent s’est greffé plusieurs autres fonctions dont celle d’enseignante au primaire, ce qui aura eu raison de mon entrain et de ma productivité en atelier. Il m’a donc fallu revenir cet automne à l’essentiel, nourrir mon corps et mon esprit avant de pouvoir renouer avec ma créativité.
J’ai refait de la marche en forêt, la méditation et l’écriture intuitive, une priorité. De plus, j’ai choisi de filtrer les bulletins d’informations et les réseaux sociaux qui débordent d’agents angoissants, projetant trop souvent une image manipulée et trompeuse. Ce qui fait qu’aujourd’hui je puisse m’installer devant mon ordinateur et taper ces quelques mots qui sont en présence. Je ne force rien, je laisse couler les mots au rythme du changement de saison qui s’installe et s’exprime également à travers nous. Suivant ce changement, le monde ne sera plus jamais pareil tel qu’on le connaît puisqu’il se transforme et espérons-le, pour le bien de tous.
J’apprends à faire la paix avec le passé, diminuer mes attentes pour le futur et poser mon attention dans le moment présent. J’entends par cela une grande dose de respect envers soi, honorer le chemin parcouru sans regrets, répondre à mes besoins le mieux possible avant ceux des autres et laisser tomber les attentes qui mènent ultimement à la déception. Tout cela devient beaucoup plus facile et accessible quand on s’autorise à Être plutôt qu’à Faire. Ralentir devient une priorité et par conséquent exprime mon mutisme des derniers mois. J’ai eu besoin de silence et de prendre mes distances, le temps de ressentir à nouveau l’inspiration. Ma passion pour l’écriture de ce blog reste intacte mais il est possible que mes publications soient dorénavant plus sporadiques, en harmonie avec mes aspirations profondes.
Ce ralentissement ne serait pas possible en ce monde moderne sans ma trousse de médecine personnelle qui pour moi contient une bonne dose de randonnées en forêt, ma pratique méditative quotidienne, l’art, la lecture et l’écriture. Sans ces outils, ma santé n’est pas optimale et ma pratique artistique en souffre. L’impact non négligeable qu’a eu la pandémie dans ma vie personnelle a eu raison de cet équilibre et j’ai dû en refaire une priorité avant de pouvoir revenir à ma table de création. Aujourd’hui, je renoue avec ma créativité tout en sachant que le rendu sera différent puisque les derniers mois m’ont transformé et auront eu raison de bien des schémas inutiles. Mais j’ignore encore la forme que ça prendra, je le découvre en même temps que vous, sous vos yeux à travers ces mots.
Chose certaine, je suis une artiste, je peins, je dessine et j’écris parce que je ne pourrais faire autrement. J’apprends à accepter les courants d’inspirations qui ne sont pas toujours au rendez-vous quand je le souhaite. J’apprivoise les périodes jachères qui sont parfois nécessaires, sans quoi j’épuise mes ressources. Autant ça peut être inconfortable et anxiogène en surface, ces périodes cachent un mouvement qui fourmille sous mes pieds. Mais la germination ne peut avoir lieu que si je la laisse exister, sans forcer, en laissant tomber toutes attentes. Surtout, je ne précipite rien et j’écoute patiemment avec curiosité et confiance face à l’inconnu.
Malgré la fatigue et le manque d’inspiration des derniers mois, mes crayons et mes pinceaux m’ont fidèlement accompagné dans ce processus. Même si le résultat est sans valeur à première vue, il témoigne de mon engagement envers moi-même. Quand je peins ou dessine ce qui est en présence, sans juger, sans intellectualiser, quelque chose de beaucoup plus grand que moi s’exprime. Je me suis donc régulièrement exercé à dessiner ou peindre le portrait sous différents angles avec des techniques qui m’étaient peu familières. Certains jours, il pouvait s’agir que de gribouiller et noircir du papier. Mais je reviens toujours au portrait simplement parce que je n’ai pas terminé son exploration. Par contre, je ne me restreint plus qu’à une seule idée, une seule matière ou technique. J’explore avec l’esprit d’un enfant et j’observe en retrait à l’image d’un parent bienveillant et confiant.
Je crois que l’on récolte toujours ce que l’on sème dans la vie, c’est pourquoi je prends soin de cultiver uniquement ce que j’aime, ce qui me nourrit profondément. Ça peut paraître égocentrique alors que c’est un geste d’amour à soi. C’est l’adoption d’un mode de vie branché à l’intuition et le ressenti plutôt que par l’influence extérieure dans un corps paralysé par la peur. Je tente de vivre davantage en pleine conscience, avec les hauts et les bas du quotidien, plutôt que de fuir ce qui est inconfortable. Ainsi, je délaisse l’auto-pilote et je m’autorise à vivre la fluctuation de vitesse et le changement de direction lorsque nécessaire.
Que l’automne vous soit douce et harmonieuse, je vous souhaite de renouer avec la lenteur et la solidarité. Puisque la santé et l’équilibre d’une société, d’une famille et d’un individu repose sur l’écoute, la compassion et le respect plutôt que sur le jugement, la haine et le rejet. Lorsque nous assumons la responsabilité de nos actes et nos paroles, nous acceptons consciemment notre situation au lieu de chercher le coupable à notre mal-être. Alors soyez indulgent avec vous-même et les autres, permettez-vous de r a l e n t i r pour mieux ressentir. Ainsi, nous sortirons grandit de cette épreuve dans la gratitude et la bienveillance.