Porté par la vague
 

 
 
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Récemment je me suis rendu au bord de la mer et j’y ai mis les pieds, l’eau était fraîche, douce et limpide.  En posant mon regard au loin à l’horizon, les pieds toujours dans l’eau et les cheveux en pagaille face au vent, j’ai senti le pouvoir magnétique de la mer.  Autour de moi, des gens d’origines multiples attirés par la même force adoptent ce comportement universel. Malgré la violence des vagues ce jour-là qui oppose à la baignade, tous se laisse ensorceler par le vaste étendu d’eau qui ondule et déferle sous nos pieds.  Comme si nous savions tous d’instinct que sous cette agitation se cache un calme permanent, à l’abri de toutes perturbations superficielles.  La mer aurait-elle le pouvoir de syntoniser nos propres eaux intérieures?

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Bien que le son des vagues procure une sensation de tranquillité et porte à croire que le danger est absent, s’y aventurer seul lorsqu’elles s’agitent peut nous emporter sournoisement au large.  Au cours de notre vie, nous rencontrons tous des tempêtes, petites et grandes qui nous déstabilisent, qui remous notre équilibre intérieur.  Si au lieu d’affronter la tempête à coups de rames superflues, à contre-courant, nous nous laissions porter par la vague en écoutant les sensations qui nous habitent?  Entrer en contact avec nos émotions, aussi douloureux soit-il parfois, est selon moi la porte d’entrée vers l’apaisement et la voie de la guérison de nos blessures.

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De retour au pays, impatiente de retrouver mon atelier, j’ai la tête gonflée à bloc de cette énergie que je tente de transcender dans ma pratique.  Mais le quotidien ayant déjà fait son travail avec son rythme effréné dans la noirceur de l’hiver, force de constater que l’énergie de la mer m’a déjà quittée.  Je me suis donc retrouvé à ma table de travail sans la moindre inspiration, cherchant désespérément comment transposer sur papier cette force qui m’avait habité en voyage.  Sans vouloir me laisser anéantir par l’hiver et la routine, je me suis donc plongé dans un projet d’introspection et de partage tout le mois de janvier sur la tribune d’Instagram.  Ce défi de nature plus cérébral occupait mon esprit alors que l’intuitif fut mise en veille et franchement ça m’arrangeait.

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Suite à ces 31 jours, je devais me remettre au dessin et la peinture sans plus attendre.  Mais face à mes godets d’aquarelles et mes crayons dûment aiguisés, voilà que le vide s’invitait à nouveau. Dehors, la tempête obscurcissait la vue sur les montagnes aux loin et on aurait dit qu’elle faisait de même avec mes idées.  Prise avec une seconde absence d’inspiration en un mois, je m’octroie une vraie pause créative.  Le premier jour de ce régime me fait le plus grand bien, la pression de créer retombe tranquillement tandis que je m’adonne à la lecture, la méditation et la sieste!  Dès la deuxième journée, je commence à tourner en rond, la mélancolie me fait de l’œil et je suis d’humeur à écorcher les murs.  Mais rassurez-vous, cet état n’était que passager, tout fini par passer. L’équilibre c’est savoir rebondir après une chute aussi douce ou abrupte soit-elle et vivre les bons jours dans la gratitude totale sachant que tout est éphémère.

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L’inspiration, cette énergie en constante orbite, m’est revenue aussi subitement qu’elle était partie, fidèle à elle-même.  Dès son retour, j’ai été envahie d’une énergie propre à celle de la mer dans la fluidité et l’équilibre qu’elle incarne.  Au lieu d’avoir tenté transposer mes souvenirs de voyage avec impatience, j’aurais dû me poser et reconnecter avec les sensations d’apaisements que la mer me procure.  Laisser l’égo mener la barque à contre-courant ne mène jamais très loin, j’ai donc décidé de me laisser porter par la vague, selon son rythme et ainsi me laisser surprendre par la destination plutôt que m’épuiser à tenter de la contrôler. Nul besoin de partir faire le tour du monde pour trouver ce que l’on cherche quand tout est déjà en nous, accessible en tout temps. Suffit de fermer les yeux, respirer profondément et écouter le son des vagues.

 
 
 

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