- MARY SHELLEY -
J’ai un rêve. Un tout petit rêve qui a de grandes ambitions. Je rêve de vivre une vie inspirée au quotidien. Vivre cette vie pour laquelle je suis née. Non pas celle influencée par les attentes des autres et de la société à mon égard. Surtout pas cette vie qui me proscrit à un avenir contraignant de par mon identité de femme, selon mon rôle de fille, de sœur aînée, d’épouse ou de mère. Je veux vivre cette vie qui est à l’image de mes passions, mes valeurs et mes convictions profondes qui m’habitent depuis toujours, avant même que le monde ait eu une influence sur moi, avant même de porter tous ces rôles. Cette vie m’inspire parce qu’elle prend racine dans la vérité, elle me fait vibrer et me procure un profond sentiment de liberté. Vous savez cette liberté intérieure inébranlable peu importe les conditions, à l’image du lichen sur les arbres qui résiste à la sécheresse, le froid et la chaleur.
Ça paraît simple à priori, ça n’a même rien d’un rêve aux yeux de certain. Hélas, mon vécu des dernières années et particulièrement des derniers mois, m’ont démontré qu’il n’est pas simple de vivre quotidiennement une vie inspirée. J’ai dû et je dois encore apprendre à m’affirmer quand il y a dissonance entre mon ressenti et le monde extérieur. Poser mes limites et me respecter dans le processus est essentiel même si parfois ça dérange ou brusque les autres. S’exprimer d’une voix inspirée ne veut pas dire communiquer ce que l’autre souhaite entendre ou rester dans le silence par peur de déranger, de blesser. Parce que s’exprimer pour plaire à l’autre est fondé sur la peur et enlève tout pouvoir personnel. Tout comme garder le silence quand le feu brûle à l’intérieur, un acte de violence à soi qui ne mène nulle part autrement qu’au ressentiment, à l’irritation et la colère. Mon rêve repose donc sur l’expérience d’une vie qui n’est pas fondée sur la peur mais sur l’amour inconditionnel, qui ose l’authenticité et la vulnérabilité plutôt qu’être victime de mon gentil silence.
Aujourd’hui, je me sens inspiré à poursuivre cette transformation qui demande du temps et beaucoup de compassion pour soi. Pour moi, il s’agit de cesser de croire que le bonheur des autres compte davantage que mon propre bonheur ou pire qu’il en dépend. Cesser de croire que mon opinion à moins d’importance que celles des autres lorsque l’écoute réciproque s’absente. Cesser de croire que mes besoins ne sont pas légitimes. Alors je retourne dans ma maison et je m’occupe d’écouter ce qui a besoin d’être entendu, sans juger, sans rejeter, sans discriminer. De là naît ma vie inspirée, dans l’écoute de soi peu importe les évènements extérieurs, j’écoute et ressent pleinement l’émotion au lieu de la fuir. Je suis honnête avec moi-même et je fais face à ma peur lorsqu’elle se manifeste sous forme de tristesse, de colère ou de honte. Alors comment puis-je appliquer ce mode de vie dans mon art, comment créer de façon purement inspirée sans être influencé par l’opinion extérieure? Et pourquoi ce serait important de le faire?
D’abord, c’est important pour moi parce que je recherche une profondeur et une qualité d’expression qui va bien au-delà des attentes de ce monde, où productivité et quantité règnent. Vide de contenu, cette boite éteint ma créativité et donne peu de sens à ma vie d’artiste. Pourtant, en ce temps de crise mondiale, force de constater l’impact positif de l’art sur le bien-être et la santé mentale des gens. En quelques semaines seulement, l’art, sous toutes ses formes, est devenu une priorité et un besoin fondamental à la société. Ce n’est pas anodin que la créativité survive au désespoir et qu’elle en devienne plutôt le phare. Mais qu’est-ce que ça prend pour qu’une œuvre soit transformatrice, apaisante et inspirante?
En ce qui me concerne, je pense que la source doit être assurément authentique, honnête, issue d’une part de vulnérabilité en soi. Si je m’égare dans le souci de ce que les autres en penseront, c’est faux. Si je puise l’inspiration uniquement à l’extérieur de moi, c’est malhonnête. Si je crée en étant déconnecté de mon ressenti, c’est médiocre. C’est pourquoi, lorsque je crée dans l’optique de plaire aux autres, le pouvoir de la création m’échappe et je m’éloigne de ma vie inspirée. Par conséquent, lorsque mon art est le reflet de moi-même, que je suis honnête avec mes émotions et qu’un petit sentiment de vertige m’envahit avant son partage, je suis sur la bonne route. Je sais alors que mon œuvre est porteuse d’un message vrai qui saura toucher les cœurs sensibles et conscients.
- VALENTIN AUWERCX -
C’est pourquoi j’accorde autant d’importance au processus créatif lui-même parce que je crois que sa nature est perceptible dans une œuvre. Ce qui m’amène à me demander régulièrement comment je me sens en créant, est-ce que c’est contraignant et épuisant ou est-ce plutôt libérateur et énergisant. Ainsi, mon ressenti agit à titre de baromètre et me guide dans ma quête de bien-être. Tout comme les bûcherons repèrent le Nord grâce au lichen sur les troncs d’arbres, je trouve ma voie en repérant l’essence de ma conscience. Ma curiosité insatiable sera toujours le fondement de l’artiste et de la femme inspirée que je suis. J’ai d’autant plus de plaisir aujourd’hui à observer qui je deviens dans ce processus que le résultat final.
Je m’investis donc à créer cette vie inspirée une action, une parole à la fois. Je ne perds plus de temps et d’énergie à nourrir de fausses apparences et à entretenir des relations artificielles. Je fais le choix de limiter ma présence sur certaines plateformes afin de me nourrir le moins possible de fausses informations ou d’apparences de bonheur parfait qui mènent à une vie ennuyante, que l’on subit, une illusion à la fois. C’est un choix, c’est un mode de vie, un cadeau que je m’offre parce que je m’aime suffisamment pour écouter ce qui est bon pour moi. Voilà mon tout petit rêve auquel j’investis dorénavant chaque instant de ma vie. Ce n’est pas simple, ni sans obstacles mais je reconnais chaque difficulté comme une occasion d’apprendre, d’être un peu plus libre et mener une vie enrichissante. Par bienveillance, je me donne la permission d’évoluer, de grandir et de changer.